Plus que des rêves
Dans le troisième épisode de Doctor Life l’opposition se déroule sur trois fronts. Le premier, et le plus manifeste, c’est la discorde entre les participants. Deux leaders, le moscovite dit «l’Italien» qui selon lui-même s’est plongé dans la drogue seulement jusqu’aux chevilles, et Anatoly Nesmiyanov de Magadan, conjoint d’une autre participante du projet Ekaterina Anisimova, (tous les deux ils se faisaient des injections mutuelles dans le cou), ont divisé d’une manière asymétrique les participants entre eux.
Ce conflit porte un caractère morale aussi bien que mentale : les réprobations patriarcales à propos de la maternité immorale d'Irina Anisimova de la part de la psychologue trouvent le soutient de la part du couple de Magadan et de Viktor Malleker de l’Allemagne, et en même temps laissent indifférents les partisans du principe de la non-intervention dans la vie privée, Andrey Krochanov, Gleb Antonov et l’Italien. Deux d’entre eux sont de Moscou et le troisième est Américain.
Le conflit n’a pas de base régionale, ce n’est pas non plus l’opposition «ville – campagne». C’est que pour guérir de la toxicomanie il est indispensable de retrouver l’appui axiologique, et le contact avec le psychologue, qui ne plait pas forcément à tout le monde, donne justement la possibilité de redéfinir ses valeurs. Coute que coute, même au détriment de la dignité d’un autre membre de l’équipe.
«Toi, t’es qu’une mère droguée», se plaint Irina au téléphone à son mari, qu’elle appelle Sacha. «Et alors, qu’est-ce que je dois faire, laisser mon enfant à l’orphelinat?!» Entre temps, dans la chambre d’Anatoly et Ekaterina, cette dernière dit à son conjoint: «Il faut y aller ensembles, Irina aurait dû venir avec Sacha». Selon la participante de Magadan, cela aurait stimulé la production de la sérotonine, l’hormone de bonheur.
Le deuxième conflit, mentionné auparavant, s’est accentué entre les médecins de la clinique Nazaraliev et les patients, c’est-à-dire les participants. Ni l’analyse de la dernière séance avec la psychologue, ni le fait qu’elle fait des avertissements à Irina au sujet de son insociabilité n’en sont pas devenus la raison. Dans le dernier épisode de Doctor Life, les patients ont été plongés dans le premier coma dit en langage professionnel le BCC ou le «blocage». Certains d’entre eux ont mal supporté cette procédure, pourtant dans le troisième épisode nous les voyons plongés dans leur deuxième coma sur quatre qui lesattendent.
Après son «blocage», Irina Anisimova n’arrive pas à se réveiller, l’Italien vient la chercher. «Déplace tes jambes. Ce n’est pas la peine de marcher en zigzag», lui dit-il en la soutenant par le bras. C’est l’Italien qui dans une scène suivante demande le médecin: «S’il vous plait ne me le prescrivez pas. S’il vous plait, il ne faut pas. Je n’ai jamais pris de LSD ni PCP. Rien de tout ça. Je suis malade après, je déteste les hallucinations. Ça fait quatre mois et demi que je me drogue, j’avais décroché pendant trois ans et demi, j’ai à peine trempé les pieds et je ne suis pas allé jusqu’à 5 grammes». Malgré cette demande qui chavire l’âme, l’Italien très probablement se verra passer le quatrième blocage, comme le prescrit la méthode de Nazaraliev pour que la réhabilitation soit complète.
Naturellement, tous les participants ne sont pas contents des effets secondaires de la cure, mais ils ne peuvent pas ignorer le côté physique, comme le fait remarquer la psychiatre et toxicologue Elmira Satybekova. Les jambes d’Andrey Krochanov pansées, couvertes d’égratignures et des chancres de piqures sont en train de guérir et il peut se déplacer seul alors que dans le premier épisode il a failli tomber dans les escaliers de la clinique comme un vrai handicapé. Après tout, les médecins suivent les analyses et la dynamique de la maladie et selon les résultats ils continuent la cure. C’est difficile à comprendre pour les participants, aussi bien qu’il est difficile pour les spectateurs de se rendre compte à quel point le blocage est pénible. On peut s’attendre à ce que ce conflit entre les participants qui pensent savoir comment il faut les soigner et les médecins expérimentés va revenir dans le futur.
Enfin, le troisième et le plus important combat c’est l’apparition des habitudes de la vie saine. Les toxicomanes contrairement aux gens en bonne santé ne font pas de rêves mais après les blocages leurs rêves se sont renouvelés. «Nous avons échangé le monde des merveilles contre la prison», chante au début de l’épisode Viktor Malleker qui semble avoir retrouvé la vue. Ce n’est pas l’allusion au régime de la clinique et nous le comprenons après le rêve d’Andrey Krochanov, dans lequel il a failli se droguer mais au réveil il était heureux de se trouver à la clinique et passer son traitement.
Le rêve d’Ekaterina de Magadan portait un caractère obsessionnel : elle a rêvé d’une piqure intramusculaire, du sang coagulé, sa tension était élevée et puis dans la réalité elle a eu des hallucinations et vu des milles-pieds. Mais il y a des rêves sur l’avenir, comme les rêves d’Alex. Il a raconté que dans son rêve il a pris un avion et est rentré chez lui pour voir le premier épisode de Doctor Life sur Internet mais il n’y en avait pas. Heureusement, certains rêves ne restent que des rêves. On peut dire avec certitude que Gleb Antonov qui est revenu à la vie normale et saine saura enfin ce qu’il disait quand il était dans le coma.
Le quatrième épisode sera consacré à la PSE tant attendue par tous les participants.
Commentaires:
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Marie 02.10.2012, 12:47
Ils se sentent comme en vacances comme je vois221 146 -
Veronique 01.10.2012, 19:11
Je ne savais pas que les toxicomanes ne peuvent pas rêver...