Télé-réalité Regarde et prends ta décision!

Le jeu du «téléphone cassé» ne montre pas seulement comment la radio arabe fait naître la désinformation et les ragots, mais aussi à quel point est exacte la perception de l’information par une personne précise. Il est pour l’instant compliqué pour les héros de la télé-réalité Doctor Life d’atteindre l’état zen et observer comment le monde passe d’un état à l’autre; pour le moment ils n’ont pas trouvé eux-mêmes une alternative à leur mode de vie narcotique.

La psychologue propose de jouer à un jeu simple: raconter à son interlocuteur une histoire comme on l’a entendu et compris. L’histoire à raconter était une légende avec une finale très tragique, ce qui n’a pas empêché d’en tirer le moral transparent: on ne peut pas acheter l’amour avec de l’argent, et la puissance qu’il apporte pourrait provoquer la colère des Dieux.

Pour se marier le khan a décidé de voler une femme du peuple qui était amoureuse d’un berger et qui s’est jetée d’une des tours du somptueux palais en signe de non acceptation du mariage. Cependant, le souvenir de l’acte du khan peut-être vu non pas comme une conséquence d’une vie cassée, mais comme un vrais oasis. C’est exactement ce que représente le lac Issyk-Koul, qui a apparu quand les Dieux ont inondé la vallée dans les montagnes pour punir le khan d’avoir agi à sa guise et volé la fiancée.

La chaine du récit transformant l’histoire de façon considérable débute par Ekaterina; elle entend l’histoire «saine et sauve». Mais arrivé à Alex, quatrième dans la chaine, voici ce qu’on entend: Le Khan a volé une fiancée pour lui et a tué son amoureux, pour cela les Dieux l’on fait venir sur le bord d’un rocher d’où il s’est jeté dans le vide étant dans un état troublé. Quel rapport avec Issyk-Koul? Ben, celui que nous y allons, répétaient les participants. Toutefois, il faut le reconnaitre, cet épisode est le plus drôle de toute la période de traitement. La perception du monde propre à chacun et surtout le lexique individuel s’enroulaient sur la carcasse déformée de la légende. De toute évidence, les participants ne donnaient pas l’histoire pour ce qu’ils l’on eue; il y avait aussi le complément obligatoire: de l’humour, de l’hésitation, des doutes et des embellissements.

Après une détente psychologique on a appris aux participants trois façons de respirer: la profonde, la rapide et la superficielle. Restant allongés par terre et en faisant avec des bras les mouvements de chef d’orchestre, les participants atteignaient l’effet d’œdème et les fourmillements dans tout le corps, «comme dans la position de lotus», a expliqué Gleb. Ensuite l’animateur appuyait avec son doigt entre les sourcils comme pour actionner le bouton «Off», et les participants planaient dans leurs sensations. Par contre, le sentiment de planer s’accompagnait chez certains, comme chez Victor Malleker, d’indisposition physique. Les douleurs au foie, les poumons comprimés et flaccidité générale n’ont pas tardés à se manifester.

Dans la continuité du jeu du «téléphone cassé» se sont inscrites les discussions sur la pelouse avec le psychiatre Elmira Satybekova. Les participants racontaient de manière libre leurs impressions sur des consultations avec le professeur Nazaraliev. Il s’est avéré que les voir crispés face au professeur et les écouter parler de leur propres réflexions sur comment ça s’est passé, c’est très différent. Toutefois le fond de ces discussions de quinze minutes restaient le même: tous ont reçus du professeur une recharge énergétique et se sont posés la question sur le sens suprême de la vie.

Plus prosaïquement, les gros sous inquiètent toujours Andrey Krochanov. «On ne manipulera plus des sommes aussi importantes qu’on a pu dépenser pour la drogue», dit Victor à tous les participants. Des salaupards finis, voleurs et types malhonnêtes les héros de Doctor Life doivent se transformer dans le besoin en citoyens actifs et respectant la loi. Mais ce qui est indiscutable pour un habitant de l’Allemagne, ne semble pas être une vérité aussi absolue pour des participants de Russie. Et ce n’est pas tant le problème de personnes, que celui de l’écho restant du capitalisme sauvage des années 90 en Russie.

Le résultat de la discussion sur la pelouse avec le médecin traitant était l’annonce officielle de la fin de la première étape de la réhabilitation. Les participants doivent quitter le bâtiment principal de la clinique et aller au bord du lac montagneux Issyk-Koul, la légende sur l’apparition duquel ils ont tellement défiguré lors de l’exercice psychologique. Le village de yourtes Ak-Ténguir, qui signifie «L’espace clair», souhaite la bienvenue aux participants, et à la question d’Anatoly Nesmiyanov «est-ce qu’il y aura encore des comprimés?», le moniteur répond  non. Même si les héros de Doctor Life prennent encore des médicaments, ce sera du placebo. Mais il semblerait qu’ils tiennent déjà un cachet neutre sous la langue en prouvant que la guérison commence dans les pensées.